Quelle est la meilleure version du Don Juan de Richard Strauss ?
Emmanuelle Giuliani, Philippe Venturini et Christian Merlin élisent la version de référence du Don Juan de Richard Strauss.
(ré) écouter l'émission : La Tribune des critiques de disques du dimanche 14 janvier 2018
participez:
►Votez ci-dessous pour votre version préférée
► Laissez un commentaire et tentez de gagner le disque France Musique de la semaine.
Pour afficher ce contenu Qualifio, vous devez accepter les cookies Mesure d'audience.
Ces cookies permettent d’obtenir des statistiques d’audience sur nos offres afin d’optimiser son ergonomie, sa navigation et ses contenus.
compte-rendu:
On aime, dans l’orchestre de Strauss, que ressortent et scintillent ses détails foisonnants, la palette luxuriante qui fonde la magie de Don Juan. Or Semyon Bychkov et le Concertgebouw d’Amsterdam optent pour une approche globale et uniforme, dont le manque de volupté est patent.
La direction de Karl Böhm impose hauteur de vue, sens du flux. Et quelle réserve de puissance au sein du Philharmonique de Berlin ! Mais la prise de son aplanit le tout, les cordes font grise mine, et une impression de stagnation se profile à mesure que le drame avance.
Prosaïque ou charmeur ? Lecture acérée ou bling-bling ? Fritz Reiner et l’Orchestre de Chicago, avec ses cordes mises en avant, peignent un Strauss un brin extérieur, loin de tenir les promesses d’une introduction fulgurante : un séducteur sans envergure que ce Don Juan, qui ne chante, ne s’envole ni ne se consume.
Le grand classique de la discographie straussienne surprend : les premières minutes sont conquérantes, emportées par une Staatskapelle de Dresde rutilante, sur un tempo cravaché. Mais l’énergie retombe dans la section centrale, et Rudolf Kempe peine à animer les phases de lyrisme et de confidence. Dommage.
La Philharmonie de Vienne des grands soirs verse dans la partition une liqueur de feu, la mixture enchantée de ses cordes, de ses bois et de ses cuivres, à mesure que Herbert bon Karajan ordonne la pâte, lui intime urgence, flamboiement, noirceur vénéneuse. Jusqu’au dénouement morbide. C’est terriblement prenant.
Voici la version folle, foutraque de Don Juan, où la pulsation est portée par un esprit grinçant, avant qu’une mélancolie quasi mahlérienne ne s’empare de la partie médiane. A la tête de l’Orchestre de Cleveland, George Szell capte l’attention et maintient les tensions d’un bout à l’autre. On est saisi, ému, emporté : quelle force ravageuse !
palmarès:
N°1
Version D
Orchestre de Cleveland, dir. George Szell (Sony, 1961)
N°2
Version E
Orchestre philharmonique de Vienne, dir. Herbert von Karajan (Decca, 1960)
N°3
Version B
Staatskapelle de Dresde, dir. Rudolf Kempe (Warner, 1970)
N°4
Version C
Orchestre philharmonique de Berlin, dir. Karl Böhm (DG, 1963)
N°5
Version F
Orchestre symphonique de Chicago, dir. Fritz Reiner (RCA, 1954)
N°6
Version A
Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, dir. Semyon Bychkov (Philips, 1988)