Au-delà des concerts jusqu'au bout de la nuit au Chapiteau et à l'Astrada, Jazz in Marciac c'est aussi le quotidien parfois imprévisible de ses équipes. Et forcement, plein d'histoires à raconter. Voici cinq anecdotes glanées au fil des rencontres.
Plus qu'un festival de jazz, Jazz in Marciac est un véritable lieu de partage et de rencontres. Avec plus de 800 bénévoles, deux salles de concert - le grand Chapiteau et l'Astrada, l'équipe des permanents, journalistes...et jusqu'à 250 000 festivaliers, les souvenirs ne manquent pas. Voici cinq petites histoires vécues par ceux qui ont bien connu le festival depuis sa genèse en 1977.
Alex Dutilh - festivalier depuis 1996, producteur d'Open Jazz et des transmissions de concerts du Festival.
« Les beaux souvenirs se bousculent, j'en ai plein! Mais j'ai une anecdote de mise en situation professionnelle saugrenue. J'allais au backstage pendant les entractes pour interviewer les musiciens qui sortent et ceux qui vont monter sur scène. Une année, l'artiste en deuxième partie du concert était _Dee Dee Bridgewater__._ Je regarde partout, je ne la trouve pas. Je repère son ex-mari et lui demande si je peux faire dire à Dee Dee quelques mots en direct. Il me répond qu'en principe elle ne veut pas être embêtée, mais que pour moi, elle le fera. Il entrouvre la porte et dit "Dee Dee j'ai une surprise pour toi", mais sans lui dire plus. Il me fait entrer, et là, Dee Dee, que je n'avais pas vu depuis longtemps, explose de rire car elle est en train de se maquiller à seulement cinq minutes avant de monter sur scène !
Elle me voit avec mon micro et mon casque, et se rend compte que je vais lui poser des questions et que je suis en direct : "C'est la première fois que je fais une interview en me maquillant",
dit-elle. Et ma première interview d'une artiste en train de se maquiller ! »
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Yves Lesavourey - Festivalier depuis 1985 et bénévole depuis 1988. Aujourd'hui co-responsable du secteur logistique des musiciens.
« Lors du 10e JIM en 1987, Art Blakey n'est pas venu à son concert. L'association a donc décidé d'offrir au public le premier concert du festival suivant, un duo de contrebasses avec Ray Brown et Pierre Boussaguet. Le jour du concert je reçois un appel à 6h du matin du président de l'association qui me donne rendez-vous dans 30 minutes dans son bureau avec Pierre Boussaguet et Guy Lafitte. C'est à ce moment que Pierre me raconte qu'une femme lui a téléphoné d'une cabine téléphonique de New York au nom de Ray Brown, pour dire au festival qu'il ne pouvait pas prendre l'avion...et puis elle a raccroché! Le président Jean-Louis Guilhaumon tenait à ce que le concert de compensation se fasse : si Ray ne vient pas, de quoi aurons-nous l'air !
Ray Brown était introuvable. Nous avons lancé l'enquête, appelé les compagnies aériennes, épluché tous les vols de New York et on a même dépêché un contact à l'aéroport de Paris pour se renseigner.
A l'époque, sans portables et sans internet, ce n'était pas évident d'avoir des informations. Par un étrange concours de circonstances, on a même eu accès aux listes de passagers, normalement confidentielles, du vol que Ray devait prendre, mais il n'étais pas dessus. J'ai tout de même envoyé une voiture à l'aéroport, au cas où... et Ray est arrivé ! On avait compris plus tard que le vol que Ray Brown devait prendre avait 6 heures de retard pour des raisons techniques. Ray avait vite réalisé que s'il avait 6 heures de retard, il allait rater le concert. Il a donc payé cent dollars à une inconnue pour prévenir le festival qu'il ne venait pas. Entre-temps, il a trouvé un autre vol, acheté le billet d'avion, récupéré sa contrebasse sans le reste des bagages et embarqué. Et il était là, avec sa contrebasse et sa chemise, mais pas de bagages, rien. C'était ma première expérience de responsable des voyages des musiciens ! De toute façon, après cela, il ne peux plus rien m'arriver de pire ! »
Dominique Dumont - gestion des contrats, logistique de logement et planning des musiciens et techniciens. Marciaquaise et bénévole depuis 1978.
« Je ne connaissais pas grande chose en jazz, mais je connaissais Oscar Peterson et pour moi c'était vraiment la grande star du jazz à l'époque. Lorsque j'ai entendu qu'il venait faire un concert à Marciac, j'étais à la fois excitée et tétanisée, parce qu'à trois jours du concert, il n'avait toujours pas une chambre d'hotel ! J'en dormais pas la nuit.
En fin de compte, nous avons trouvé une solution et avons même partagé une coupe de champagne pour fêter nos anniversaires dans sa loge, parce qu'avec Oscar, nous sommes nés à un jour d'intervalle !
Ma fille Solène, qui est bénévole sur le festival tous les ans et grande admiratrice de l'artiste, était encore toute petite, et il la tenait sur ses genoux alors qu'il finissait son dîner. Pour moi c'est un des plus beaux moments de Marciac. »
Michel Beaupré - festivalier depuis 1984 et bénévole depuis 17 ans. Aujourd'hui chauffeur de navettes pour le festival
« Je me suis retrouvé un dimanche après-midi à chercher McCoy Tyner au Rex Hotel de Tarbes pour les balances prévues trois heures plus tard. L'artiste voulait un café ; Tarbes étant un peu au ralenti le dimanche, le Rex ne pouvait pas lui en offrir. Je lui ai donc proposé de prendre un café ensemble sur la place centrale de la ville.
Et j'ai le souvenir de ce moment partagé avec une légende du jazz autour d'un café crème, de bavarder de nos familles et des enfants. Il m'avait même montré des photos de ses petits enfants !
Au moment de partir, il a voulu payer la note, mais je tenais absolument à le lui offrir. A mon retour, il a pris le ticket de caisse et a écrit dessus : "McCoy Tyner certifie avoir pris, tel date, un café avec Michel, chauffeur à Jazz in Marciac." Et je l'ai toujours, ce bout de papier... »
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Jean-Louis Guilhaumon - Maire de Marciac et président de l'association Jazz in Marciac
« J'ai un souvenir particulier qui concerne justement France Musique, et Marc Voinchet et Alex Dutilh sont concernés! Nous avions fait le nécessaire pour enregistrer John Mclaughlin et retransmettre en live son concert.
Puis au dernier moment la sentence est tombé : John McLaughlin n'accepte pas que France Musique diffuse son concert. Nous avons discuté, négocié, et nous sommes parvenus à le faire accepter la diffusion, mais in extremis, c'est-à-dire à seulement quelques secondes avant la prise de l'antenne!
Je suis sûr qu'Alex conserve un souvenir très ému de cette soirée, mais nous avons poussé un grand soupir de soulagement, et tout le monde a pu apprécier ce concert d'une qualité exceptionnelle, retransmis sur vos antennes dans de très bonnes conditions! »
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