Rencontre avec Eva Zaïcik, révélation des Victoires de la musique classique 2018

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Rencontre avec Eva Zaïcik, révélation des Victoires de la musique classique 2018

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La chanteuse Eva Zaïcik est nommée dans la catégorie Révélation des Victoires de la musique classique
La chanteuse Eva Zaïcik est nommée dans la catégorie Révélation des Victoires de la musique classique
© Radio France - Nathalie Guyon

La mezzo-soprano Eva Zaïcik est nommée dans la catégorie “Artiste lyrique” des Victoires de la musique classique 2018. Rencontre et portrait en cinq questions.

Eva Zaïcik est mezzo-soprano. Sortie du Conservatoire National Supérieur de Musique (CNSM) de Paris en 2016, elle enchaîne les productions d’opéra : à Dijon, Rouen, Versailles, Limoges, Caen… Elle travaille avec de nombreux ensembles comme le Poème Harmonique, le Concert Spirituel ou encore les Talens Lyriques, mais s’intéresse aussi au répertoire contemporain ou romantique.

  • France Musique : Comment avez-vous commencé le chant ?

Eva Zaïcik : A 4 ou 5 ans, j’ai intégré une chorale d’enfants sans prétention, dans laquelle on chantait les Beatles et Bach. J’y suis restée une dizaine d’années. La cheffe de chœur nous faisait répéter et apprendre nos morceaux sans lire la musique. C’est là que j’ai découvert Bach. On chantait des extraits de la Passion selon St Mathieu et ça a été un choc. Je ne me suis jamais dit qu’il fallait que je prenne des cours de chant, c’était un plaisir.

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Plus tard, au lycée, j’ai eu un groupe de rock avec des copains Je chantais Nirvana, Noir Désir… A la fin d’un concert, la mère du batteur m’a dit que j’avais une jolie voix et m’a conseillé d’intégrer le conservatoire pour la travailler. A 18 ans, je me suis donc inscrite au conservatoire de ma ville, un peu par dessus la jambe : je voulais être médecin. Après un an d’étude de médecine, j’ai dû arrêter et me suis définitivement lancée dans le chant. Sur les conseils de ma professeure, je me suis inscrite à la maîtrise de Notre-Dame de Paris, puis j’ai intégré le CNSM.

J’ai pris mon temps, je suis entrée en soprano et ça a été un long parcours, un parcours du combattant car je ne me suis jamais sentie soprano mais j’avais ce timbre très clair. En fait, je n’avais pas encore mué. J’ai mué très tard. Donc ma voix a pris sa place quand j’avais 26 ans et j’ai alors changé tout mon répertoire. Il y a encore des ensembles avec lesquels je chante soprano, mais c’est devenu plus fatiguant.

  • A quoi pensez-vous quand vous chantez ?

A ce que je chante, à ce que je raconte. Je ne pense pas vraiment, je suis et je ressens. Parfois j’ai un petit vélo dans la tête qui me dit qu’il faut que ce soit comme ça ou comme ça. Mais le travail technique est fait avant, donc sur scène, ce n’est que de l’instant. J’ai beaucoup de mal à dire ce à quoi je pense car je suis dans un état second. Sauf quand c’est une catastrophe : là je ne pense qu’à ma technique et je ne suis plus dans ce que je chante.

  • Comment travaillez-vous votre voix ?

Je travaille ma voix avec ma professeure de chant en qui j’ai entière confiance. Je ne chante pas énormément. Les premières années, quand je travaillais seule, je me faisais mal. Je n’avais pas assez d’autonomie. Maintenant j’en ai, je travaille juste ce qu’il faut, je sais quels exercices faire mais je n’ai pas de rituel particuliers. Mes airs je les travaille à table, je lis l’opéra, le contexte, les livrets. Je parle le texte, j’écoute des versions différentes, ça m’inspire. Quand je chante avec mon partenaire ça évolue, avec le chef, aussi, et avec le metteur en scène ça bouge encore…Il faut rester disponible et flexible.

  • Si vous n’aviez pas été musicien, vous auriez été...

Je serais médecin. Je voulais être dans une premier temps médecin urgentiste. Ensuite chirurgien. Mais ce qui m’aurait le plus intéressé c’est d’être interniste, c’est à dire dans la médecine générale. Il n’y a pas de spécialité. Le médecin interniste récupère tous les cas qui sont passés par les services et dont on n’a pas trouvé quel était le problème. Ce sont des services où on récupère des mystères. Ce que je trouve génial c’est que l’on apprend, on réfléchit tout le temps et aucun cas ne se ressemble.

  • Dans le programme que vous chantez ce soir, est-ce qu’une oeuvre vous tient plus à cœur et pourquoi ?

Elles me tiennent toutes à cœur car elles représentent ce que je suis. Je tiens vraiment à ma pluralité en tant qu’artiste. Je n’aime pas les étiquettes, je fais beaucoup de baroque et de musique ancienne car ce sont mes premières amours. J’avais très envie de jouer avec Justin Taylor qui est un partenaire privilégié, on a des projets d’enregistrement. J’avais envie de faire de la musique de chambre avec Romain Louveau. Et le Chostakovitch est important car le violoncelle est mon instrument préféré. Pour moi c’est le pendant de la voix. J’avais envie de chanter en duo avec le violoncelle qui est l’instrument le plus mélodique, chantant et proche de la voix. Et c’est de la musique russe… Une musique pour laquelle j’ai eu un coup de foudre la première fois que j’en ai chanté (je suis d’origine russe). De plus, j’adore ce répertoire un peu dramatique.

Eva Zaïcik lors du concert des Révélations