" Reynaldo Hahn " de Philippe Blay - Sélection du Prix du Livre France Musique-Claude Samuel 2022

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" Reynaldo Hahn " de Philippe Blay - Sélection du Prix du Livre France Musique-Claude Samuel 2022

Couverture du livre " Reynaldo Hahn ". Fayard
Couverture du livre " Reynaldo Hahn ". Fayard

Sélectionné pour le Prix du Livre France Musique-Claude Samuel 2022, " Reynaldo Hahn " de Philippe Blay est publié chez Fayard. 

Le Prix du Livre France Musique-Claude Samuel a retenu cet ouvrage pour La Sélection 2022 :

Le livre

Reynaldo Hahn (1874-1947) est longtemps demeuré attaché à la seule figure d’un musicien mondain, compositeur précoce fêté dès son enfance dans les salons parisiens. La postérité de ce spirituel et distingué Vénézuélien d’origine juive allemande, affectionné et admiré de Massenet et d’Alphonse Daudet, ne semblait pouvoir dépasser son affinité première avec la poésie de Verlaine, sa relation amoureuse avec Marcel Proust et sa fervente amitié pour Sarah Bernhardt. Incarnation immuable de la Belle Époque, il était rivé à quelques mélodies à succès et une opérette célèbre, Ciboulette, qui l’érigeait en nouvel André Messager.

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Aujourd’hui pourtant, la musique de Reynaldo Hahn séduit une nouvelle génération d’interprètes et sa stature est reconsidérée, notamment en ce qui se rapporte à ses échanges intellectuels et esthétiques avec Proust. Cette biographie se propose, en revenant aux sources – dont son journal inédit – et en ne s’aliénant pas aux clichés, de retrouver l’artiste sous le personnage. Autrement dit le créateur d’une œuvre multiple, riche de bien d’autres poèmes vocaux et ouvrages lyriques que ceux toujours entendus, où le ballet côtoie l’oratorio et le quatuor à cordes. Certaines œuvres, comme Sagesse ou La Corsaire, sont étudiées ici pour la première fois. On découvrira également un interprète d’exception et un homme de lettres accompli, chanteur-né, chef d’orchestre et directeur musical de grande envergure, critique musical influent et alerte conférencier.

Restait à faire apparaître sous le plastron du contempteur brillant d’une modernité de commande, acteur incontournable de la vie musicale de l’entre-deux-guerres et parangon incontesté de l’esprit français le plus piquant, un être voué à l’art s’exprimant par nécessité intérieure. Fidèle à une conception non progressiste de la beauté et meurtri face à une époque d’intenses mutations qui ne lui correspondait pas, Reynaldo Hahn s’est voulu à la fois un éclectique et un classique.

L'auteur

Philippe Blay est musicologue et conservateur en chef à la Bibliothèque nationale de France. Ses recherches portent sur le théâtre lyrique en France sous la Troisième République et l’œuvre de Reynaldo Hahn. Concernant ce compositeur, il a coordonné l’ouvrage collectif Reynaldo Hahn, un éclectique en musique (Actes Sud, Palazzetto Bru Zane, 2015) et fait paraître, en collaboration avec Jean-Christophe Branger et Luc Fraisse, Marcel Proust et Reynaldo Hahn : une œuvre à quatre mains (Classiques Garnier, 2018).

3 questions à Philippe Blay :

  • Quelle est la place de cet ouvrage dans votre carrière ?

Cet ouvrage représente l’aboutissement de nombreuses années de recherche sur un compositeur que j’ai redécouvert pour ma part au milieu des années 1990, à l’occasion d’une mission d’inventaire dans le fonds musical de l’Opéra-Comique. Séduit par le traitement du temps musical dans sa première œuvre lyrique, L’Île du rêve, une adaptation scénique d’un roman de Pierre Loti dont le manuscrit musical était demeuré salle Favart, je décidai alors d’y consacrer ma thèse, puis, de reconsidérer entièrement, en revenant aux sources, la place de Hahn dans l’histoire musicale du premier xxe siècle, celui qui fait encore écho au siècle précédent.

  • Qu’avez-vous cherché à montrer avec cet ouvrage ?

Que l’on pouvait être un créateur éminent sans être un innovateur. Et un intellectuel qui ne cesse de réfléchir sur son art sans être un théoricien. Dans le cas de Hahn, le discrédit qui a touché à partir des années soixante tout un pan de la musique française issu de l’école lyrique de Massenet et de la pensée formelle de Saint-Saëns a été amplifié par sa contigüité avec le milieu mondain – le fameux monde de Proust – et le répertoire léger. Il s’agissait donc, sans tomber dans l’hagiographie, de reconsidérer en la replaçant dans son époque une œuvre extrêmement variée, où la quête de la simplicité se veut une richesse, où le raffinement et l’originalité se doivent d’être discrets. Il fallait aussi faire sentir la dimension réelle d’une personnalité incontournable de la vie musicale française pendant l’entre-deux-guerres, celle où s’impose le « maître Reynaldo Hahn », qui sera choisi pour diriger l’Opéra de Paris à la Libération.

  • Quels sont vos prochains projets ?

Je prépare pour les éditions Gallimard l’édition du journal de Reynaldo Hahn, longtemps demeuré inaccessible pour des raisons juridiques. Il permet de suivre le compositeur, au talent littéraire incontestable, au sein de la société artistique française et européenne entre 1890 et 1945. Par la suite, j’envisage un ouvrage sur un autre grand indépendant, dont les séduisantes œuvres chorégraphiques et lyriques ont été fort estimées dans les années cinquante et soixante, Jean-Michel Damase.