Sebastian Rivas récompensé à la Biennale de Venise : « J’en suis totalement honoré »
Le compositeur franco-argentin Sebastian Rivas va recevoir un Lion d’argent dans le cadre de la 62e édition du Festival International de Musique Contemporaine de Venise.
Du 29 septembre au 8 octobre 2018, l’Italie accueille la 62e édition du Festival international de musique contemporaine de la Biennale de Venise, l’une des manifestations les plus importantes consacrées à la musique contemporaine.
Son thème cette année est le lien entre l’Europe et l’Amérique, comme l’explique le directeur artistique de la Biennale, le compositeur Ivan Fedele : « On a voulu valoriser les musiques du continent américain, Nord, Centre, Sud, du jazz au tango de Piazzolla. » Le festival célèbre également les compositeurs qui ont étudié en Europe et « qui ont eu une forte influence sur la musique dans leur pays », ainsi que plusieurs jeunes compositeurs.
« La musique, déclare Ivan Fedele, n’a pas besoin de traduction. C’est donc un langage universel dans lequel les gens peuvent se reconnaître et c’est un domaine de liberté qu’il faut cultiver et dont il faut se nourrir ».
« C’est une surprise »
Cette année, le Lion d’or a été attribué à Keith Jarrett, qui devient ainsi le premier jazzman à recevoir la récompense vénitienne. Le musicien est distingué pour l’ensemble de sa carrière.
Le lion d’argent a quant à lui été décerné au compositeur français Sebastian Rivas, qui vient tout juste d’acquérir également la nationalité argentine. Son opéra du temps réel, Aliados, créée en 2013 à Gennevilliers, sera présenté à Venise le 6 octobre après la remise du prix. « Ça a été un peu une surprise, je ne m’y attendais absolument pas. J’en suis totalement honoré, un peu excité aussi », a-t-il réagi. Il rappelle que son opéra est surtout le fruit d’un travail d’équipe : « Aliados c’est tout d’abord une rencontre avec le librettiste, Esteban Buch, Antoine Gindt qui nous a fait confiance pour produire cette œuvre et puis Philippe Béziat, toute l’équipe de Théâtre et Musique, l’ensemble Multilatérale, Léo Warynski … Donc je pense que, quelque part, c’est à toute cette équipe qu’il faut décerner ce prix ».
« Il y a urgence à traiter de certains sujets »
Dans ses œuvres, Sebastian Rivas se distingue notamment par ses thèmes politiques. Aliados par exemple raconte la rencontre entre Margaret Thatcher et le général Pinochet. Il avait également dédié sa pièce pour grand orchestre et électronique Esodo Infinito (2016) aux migrants de la Méditerranée. « Ce n'est pas un manifeste que je voudrais annoncer comme étant quelque chose à appliquer pour tout le monde mais, pour moi en tout cas, la composante du sens et de l’être ensemble mérite d’être traité », explique-t-il. Il ajoute : « Toute mon œuvre n’est pas politique mais en ce moment je pense qu’il y a urgence à traiter de certains sujets la migration, le genre ou l’écologie ».
Le compositeur a récemment été nommé directeur du Grame, centre national de création musicale, situé à Lyon. Il sera dans ce cadre directeur artistique de la Biennale Musique en scène : « Je prépare ma prochaine Biennale, en 2020, sur ces sujets là parce que je pense qu’il faut vraiment les prendre à bras-le-corps ».
Antoine Pecqueur
Sofia Anastasio