Suite aux attaques violentes perpétrées sur le sol allemand, la cérémonie d’ouverture du festival de Bayreuth a été annulée, et toutes les représentations se tiendront sous haute sécurité
Sacs et coussins interdits dans la salle et dans les vestiaires, pièce d’identité obligatoire, présence policière renforcée… Les mesures de sécurité sont extrêmement strictes pour cette 105e édition du festival fondé par Richard Wagner . En cause, le contexte très tendu en Allemagne suite aux différentes attaques perpétrées dans le pays ces derniers jours, quatre en moins d’une semaine, dont deux revendiquées par l’EI (Etat islamique).
Après la fusillade qui a fait neuf morts vendredi 22 juillet à Munich, en Bavière, région où se trouve également Bayreuth, la décision a été prise d’annuler la traditionnelle cérémonie d’ouverture du festival, par respect pour les victimes et leurs proches : « C’est un coup du sort difficile pour la Bavière toute entière » a réagi Horst Seehofer, président du Land. Et lors de la première soirée du festival, un message projeté sur le rideau de la scène indiquait que la représentation était dédiée, « à toutes les victimes des actes violents des derniers jours et à leurs proches ».
L’ambiance est donc particulière en ce mois de juillet sur la « Colline Verte ». D’autant plus qu’au deuil s’ajoute la polémique. La nouvelle production de *Parsifal * - qui a ouvert le festival - fait l’objet de plusieurs controverses. Il y eut le départ soudain du chef Andris Nelsons, qui devait diriger le spectacle. Et la mise en scène d’Uwe Eric Laufenberg, accusée par certains d’être une critique de l’Islam parce que le metteur en scène a transposé l’action de l’épopée médiévale imaginée par Wagner dans une église détruite au Moyen-Orient, où des moines chrétiens s’occupent de réfugiés de toutes confessions.
Mais lors de la première, au terme des six heures de représentation, la pièce a reçu un accueil très chaleureux du public, notamment pour ses interprètes qui ont été ovationnés, comme le ténor wagnérien **Klaus Florian Vogt ** dans le rôle-titre, le baryton-basse **Georg Zeppenfeld ** dans celui de Gurnemanz, ou **Elena Pankratova ** en Kundry. Le chef **Harmut Haenchen ** qui a été choisi pour remplacer Andris Nelsons a lui aussi été acclamé.
La mise en scène a, quant à elle, moins fait l’unanimité. Durant un tour de table organisé après le spectacle, **Eleonore Buening ** du quotidien *Frankfurter Allgemeine Zeitung * a qualifié l’imagerie du metteur en scène de « bas de gamme ». La scène du second acte dans lequel les filles-fleurs tentent de séduire Parsifal, ici reconstituée dans un harem oriental « renforce les stéréotypes coloniaux du XIXe siècle », a ajouté **Berhard Neuhoff ** de la Radio Bavaroise.
On attend donc les retours sur les autres spectacles. Le festival se tient jusqu’au 28 août avec une trentaine de spectacles, dont bien sur Tristan et Isolde, le Ring, et Le Vaisseau fantôme.
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