"Squid Game" sur Netflix : des jeux enfantins, du sang et de la musique classique
Par Côme Jocteur-MonrozierLa série sud-coréenne qui est en train de dépasser les records d’audience sur Netflix mêle jeux sanguinaires, luxe décadent et… musique classique. L’occasion de se demander ce que Haydn ou Strauss viennent faire dans cette histoire.
Mélangeant un univers de jeux vidéos sanglants avec une réflexion sur le capitalisme et les limites de la démocratie, la nouvelle série Netflix coréenne Squid Game (littéralement « le jeu du calmar»), disponible depuis début septembre, bat des records d’audience impressionnants. Fin septembre elle était en passe de devenir la série la plus populaire de Netflix, avec 95% de vues hors de Corée, s’établissant dans plus de 80 pays comme le programme le plus regardé de la plateforme.
L’intrigue est simple : 456 personnes endettées participent à des jeux (d’enfants) avec en récompense un gros lot de 45,6 millions de Won (environ 32 millions d’euros). Les épreuves : « un, deux, trois, soleil », le tire à la corde ou encore une simple partie de billes… avec la mort (sanglante) pour les perdants. Le tout encadré par des gardes vêtus de combinaisons roses et de masques d’escrime et regardé par des puissants sadiques.
Et la musique dans tout ça ?
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Haydn au réveil
Dans le premier épisode, on voit tous les participants du jeux se réveiller dans un dortoir étrange au son d’une élégante musique. On y entend une trompette qui rappelle les sonneries militaires mais qui évoque aussi le luxe aseptisé des décors où tout est propre et symétrique, à l’opposé de la boucherie qui se prépare. Une beauté glaçante mise à distance par la prise de son qui donne l'impression d'être dans la pièce avec les candidats et d'entendre la musique diffusée par les haut-parleurs.
Il s’agit en réalité du concerto pour trompette en mi mineur de Haydn, un classique du répertoire, plus particulièrement de l’Allegro final. Il est composé en 1796 pour le trompettiste Anton Weidinger, ce dernier ayant inventé une trompette à clé capable de jouer toutes les notes de la gamme chromatique. Haydn exploite ces nouvelles possibilités de l’instrument avant que n’apparaissent les trompettes à piston, dans les années 1830.
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Une valse infernale
Le Beau Danube bleu n'est certes pas la musique de film la plus originale : on retrouve la valse Johann Strauss fils, composée en 1866, dans 2001, L'Odyssée de l'espace bien sûr mais on la retrouve aussi dans des films de Fellini ou de Xavier Dolan.
La valse anime les couloirs secrets de l'île et les escaliers colorés où déambulent les participants avant de se rendre aux différents lieux des épreuves. Leur ballet est d’autant plus absurde qu'il se déroule dans un escalier sans fin, reprenant les images de M. C. Escher, où tout le monde marche dans une direction tout en semblant aller nulle part.
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Le classique c'est le luxe
De manière un peu clichée, la valse de Strauss revient en fond sonore dans l’épisode 8 où les finalistes des jeux sont invités à dîner à une table luxueuse alors que des plans intercalés nous font voir une course poursuite violente. Dans la critique du capitalisme qui se dessine au fil des épisodes, la musique classique évoque un luxe et une paix intolérables en comparaison des débordements sanglants et de la vie quotidienne douloureuse de ces hommes et ces femmes. Le classique pour les riches et les puissants ?
Dans l'épisode 4, c'est la Sérénade pour Cordes de Tchaïkovski qu'on entend en fond sonore. Créée en 1881, le deuxième mouvement en est une valse dont la mélodie gracieuse passe des violons I au violon II puis au violoncelle, valse qui accompagne les délibérations torturées des candidats pour savoir quelles alliances vont se dessiner en vue du prochain jeu (un tir à la corde mortel).
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Et la musique originale ?
Elle est signée Jung Jae-il, compositeur qui a notamment collaboré avec le réalisateur Bong Joon-ho sur les musiques de Okja (grand succès de Netflix) et surtout de Parasiste qui en 2019 avait remporté l'oscar du meilleur film. Les compositions minimalistes du musicien participent à l'atmosphère angoissante de la série, que ce soit ce thème de flûte à bec revisitant « Vive le vent » dans le morceau « Way back then », ou bien cette composition « Pink soldier », de type musique minimaliste, utilisant la voix et des percussions de manière tout à fait stressante.
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