Steinway & Sons ouvre son premier showroom à Paris
Par Victor Tribot LaspièreLe prestigieux facteur des pianos Steinway & Sons inaugure ce week-end son premier showroom en France. Situé boulevard Saint-Germain à Paris, la marque entend développer le potentiel du marché français.
L’ouverture samedi 6 mai du showroom parisien de Steinway and Sons est un véritable événement. Il s’agit tout simplement du deuxième espace de commercialisation ouvert par la société en Europe en 142 ans, en dehors de l’Allemagne. La dernière implantation de Steinway remonte à 1875 avec l’ouverture du Steinway Hall de Londres. Le choix de Paris s’est rapidement justifié selon Clément Caseau, directeur général de Steinway and Sons France : « Cette ville a toujours fait partie des grandes capitales culturelles mondiales et il nous paraissait évident de nous installer ici. Son activité musicale foisonnante a justifié notre choix de s’implanter là où les choses se passent ».
Depuis plus de 10 ans, le marché du piano a été bouleversé par la montée en puissance des instruments numériques, bien meilleur marché que les pianos acoustiques d'entrée de gamme. Mais le « marché du très haut de gamme n'a pas évolué de la même façon et est resté plutôt stable. Nous sommes convaincus d’avoir en France un grand potentiel de développement. C’est la raison pour laquelle nous nous installons à Paris, pour être au cœur du marché », explique le directeur général. La France est incontournable pour Steinway and Sons puisqu’il s’agit de son troisième marché européen, derrière le marché historique de l’Allemagne puisque c’est à Hambourg qu’est installé l’une des deux manufactures de la marque, et derrière la Grande-Bretagne en deuxième position.
Plus qu'une simple boutique
Pour son arrivée en france, Steinway and Sons n’a rien laissé au hasard. Le showroom sobre et chaleureux se situe dans le VIIe arrondissement de Paris, boulevard Saint-Germain, l’un des endroits les plus chics et prisés de la capitale. La marque s’est installée dans un ancien hôtel particulier et dispose d'une surface de 700 m2 qui peut accueillir 45 pianos. Mais le facteur entend en faire plus qu’une simple boutique. Grâce à une salle de concert pouvant accueillir une cinquantaine de spectateurs, Steinway proposera des récitals, des masterclasses, des rencontres avec les prestigieux ambassadeurs de la marque. « Nous souhaitons nous rapprocher de notre public en leur expliquant ce qui rend notre marque unique, comment sont fabriqués les pianos, pourquoi les pianistes du monde entier plébiscitent nos instruments. Cette salle sera notre outil de travail au quotidien. Aujourd’hui, si on souhaite développer la marque, on ne peut plus attendre que les clients rentrent dans notre magasin. Il faut leur donner sans cesse de bonnes raisons de venir assister à des événements ».
Pour l’inauguration officielle qui s’est tenue jeudi 4 mai en présence du président de la société, Ron Losby, Steinway a convié Lang Lang, star internationale du piano. Souffrant d'une inflammation au bras gauche qui l'a contraint à annuler tous ses concerts jusqu’à la fin du mois de juin, la star chinoise a tout de même assisté à l'événement. Un concert donné dans l'église Saint-Thomas-d'Aquin, à deux pas du showroom, lui a aussi permis de présenter l'un de ses protégés. C'est l'un des domaines dans lequel la société souhaite s'investir davantage : le soutien à l'émergence de nouveaux interprètes de talent. L'espace parisien de Steinway and Sons abrite également deux salles de répétitions ouvertes à tous sur réservation. « Cela nous permet de contribuer à pallier le manque d’espaces de travail pour les musiciens professionnels ou pour les étudiants en conservatoire par exemple », précise Clément Caseau.
Le savoir-faire Steinway
Si les pianos Steinway jouissent d'une réputation irréprochable depuis toutes ces années, au point d'être les instruments majoritairement plébiscités par les artistes pour leurs concerts ou enregistrements, la marque ne veut pas s'inscrire dans l'univers du luxe mais dans celui du «très haut de gamme », selon les mots du directeur général en France. «Nous touchons une clientèle très vaste, une moitié composée des professionnels, des artistes, des salles de concert ou des conservatoires et l'autre moitié des particuliers. L'une de nos priorités est de ne pas apparaître comme une marque élitiste »
Les pianos, produits dans la manufacture d'Hambourg et de New York pour le marché américain, ont une valeur qui est tout de même loin d'être à la portée de tous. Comptez 35 000 euros pour les premiers pianos droit et jusqu'à 155 000 euros pour le modèle D, le plus prestigieux des pianos de concert. Un prix qui se justifie par le savoir-faire inimitable des 350 employés qui œuvrent dans l'usine allemande dont les pianos sont à destination des marchés européens, nord-africains et asiatiques. Steinway s'apprête d'ailleurs à ouvrir un showroom à Pékin pour être aux premières loges de l'explosion du marché chinois. Chaque année 1 300 pianos sortent de l'usine d'Hambourg et il faut compter une année de fabrication par instrument, après avoir fait sécher le bois pendant deux ans.
Lang Lang dans son salon
Steinway ne souhaite pas pour autant se reposer sur ses lauriers. Le facteur fait entrer son savoir-faire dans l'ère numérique avec le Spirio, un piano à queue autonome qui permet de reproduire fidèlement le jeu de n’importe quel interprète. Il s'agit du premier produit majeur commercialisé par la marque en 70 ans. A l’aide d’une application, on choisit un morceau, un interprète, et on entend par exemple Lang Lang jouer dans son salon. La marque dispose à New York d’un studio dédié à ce nouveau système où les artistes enregistrent leurs morceaux pendant que sont enregistrés les différents paramètres de l'interprétation du musicien. Ensuite, un ingénieux système invisible, placé sous les marteaux, active la mécanique et reproduit en haute définition le morceau et le jeu de l’interprète choisi. Actuellement, l'application de Steinway propose plus de 1 700 interprètes différents et est régulièrement actualisée. Les ingénieurs de Steinway ont également réussi à numériser le jeux de pianistes disparus comme Glenn Gould ou Duke Ellington.
Avec ce nouveau produit, Steinway souhaite toucher un nouveau public, explique Clément Caseau. « En Europe, les particuliers qui achètent un Steinway sont eux-mêmes pianistes. Aux Etats-Unis, c’est très différent. Beaucoup de particuliers achètent un Steinway pour l’apparat. Avec le Spirio, l’idée est de convaincre ceux qui ne jouent pas de piano, ou estiment ne pas très bien en jouer, et de pouvoir leur offrir l’expérience d’un concert de très haut niveau dans leur salon avec les plus grands artistes ». La société déclare en avoir déjà vendu 500 exemplaires à travers le monde et compte en écouler 750 cette année. Une innovation bluffante qui vous coûtera la somme de 125 000 euros.