En septembre, le jeune pianiste Hugo Martin, 21 ans, débutera les cours au conservatoire Tchaïkovski de Moscou. Pour intégrer la prestigieuse école, il a appris le russe seul en quelques mois et fait face aux formalités du pays.
Il étudiera dans la même institution que Mstistlav Rostropovitch, Brigitte Engerer et Sergueï Rachmaninov. À 21 ans, le Français Hugo Martin, originaire du Tarn, fera sa rentrée 2018 en classe de piano au conservatoire Tchaïkovski de Moscou. Il travaille l'instrument depuis l'âge de 10 ans. D'abord élève de Robert Graczyck, il a ensuite étudié au conservatoire de Toulouse avec Irène Blondel. Il revient sur le parcours qui l'a mené jusqu'à la capitale russe.
Quitter la France pour étudier à Moscou, cela vous stresse ?
C'est assez paradoxal. D'un côté, j'ai hâte et n'attends que ça, mais j'appréhende aussi. Mais je change de vie, donc je pense que c'est normal. Ça va être une belle aventure et puis ma famille viendra me voir.
Combien de temps allez-vous rester au conservatoire de Moscou ?
A priori, cinq ans, peut-être jusqu'à huit ans. C'est l'équivalent de licence - master - doctorat en France. Aller jusqu'au master, ça me paraît logique, après je verrai en fonction des opportunités qui se présentent à moi. Le but, c'est de m'enrichir musicalement et culturellement.
Comment se sont déroulées les épreuves d'entrée au conservatoire ?
Ça se passait sur deux semaines. La première, on avait des papiers à remplir et trois petits cours : langue russe, solfège et harmonie, et enfin 30 minutes de piano avec un professeur de là-bas. Les vraies épreuves débutaient la deuxième semaine, chacune étant éliminatoire. On a commencé par le piano, il fallait jouer le programme qu'on avait travaillé. Ensuite, les qualifiés ont eu un entretien en russe avec le jury. Les questions portaient sur les compositeurs qu'on avait joués, moi j'ai joué des œuvres de Debussy puis le jury m'a interrogé dessus.
Ensuite, nous avons eu des épreuves de solfège et d'harmonie à l'écrit et à l'oral. Puis un contrôle de compréhension de la langue russe sous la forme d'un article à rédiger. Enfin, le dernier jour, c'était littérature russe, le jury vérifiait notre culture générale et notre niveau de compréhension. Cette semaine était épuisante psychologiquement.
Y a-t-il beaucoup de formalités administratives ?
Oui, c'est très compliqué. Avant de partir, j'ai passé un mois à remplir des papiers, ça me prenait trois ou quatre heures par jour. Là, je vais passer pas mal de temps à les terminer, notamment pour le visa. En plus, il faut tout traduire.
Vous maîtrisez le russe ?
Je m'y suis vraiment mis en avril, tout seul. C'est assez compliqué. Un ami m'a aidé et j'avais une application sur mon portable. Pour parler, je m'en sors correctement. Je lis l'alphabet, car toutes les épreuves étaient en russe. J'ai travaillé le vocabulaire de base pour l'administratif, puis les termes spécifiques à la musique.
La culture et la musique russes me fascinent. Les Russes, quand ils sortent du conservatoire, ils ont chacun leur patte. J'ai moi aussi l'intention de développer ma propre manière de jouer et pas seulement la manière dont on m'aura appris à jouer.
Quand vous installerez-vous à Moscou ?
Le 10 septembre, les cours commencent le 17.