VIDEO - A l’origine des tableaux de Degas, l'histoire des petits rats de l'Opéra
Par Nathalie Moller, Lucie BombledA l'occasion de l'exposition "Degas à l'Opéra" au musée d'Orsay, Elisabeth Platel, directrice de l'école de danse de l'Opéra de Paris, analyse le regard du peintre sur les danseuses. Véritable reporter du XIXe siècle, Degas a merveilleusement peint les coulisses de l'Opéra et les ballerines.
Les petites danseuses de Degas, l'envers du décor
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Les coulisses
Dès 1860, Edgar Degas fait des danseuses de l'Opéra son sujet de prédilection. "Véritable reporter du XIXe siècle", tel que le qualifie Elisabeth Platel, il les peint sur scène, en répétition, dans les coulisses...
Je pense qu'il a été fasciné par le corps - Elisabeth Platel
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A l'époque, les danseuses font rêver et fantasmer, de par leur tenue, beaucoup plus dénudée que les robes des bourgeoises de l'époque. Degas montre la beauté des petits rats, mais aussi leur fatigue et l'effort physique qu'implique les répétitions.
Les danseuses viennent de milieux sociaux très modestes et l'Opéra leur permet de toucher un salaire, cependant insuffisant pour vivre.
La réalité de l'artiste de danse à cette époque : les mères allaient mettre les jeunes filles à la danse pour avoir un statut social et souvent un protecteur.- Elisabeth Platel
Ces mères maquerelles jouent les entremetteuses auprès des abonnés. Dans les tableaux de Degas, on retrouve souvent la silhouette de l'abonné, en noir avec un chapeau haut de forme. Ils ont cet avantage qui leur permet d'accéder aux coulisses et au foyer de la danse. Edgar Degas peint précisément les relations entre ballerines et abonnés lorsqu'il illustre les nouvelles "Les petites Cardinal" de Ludovic Halévy. Les aventures galantes de deux petits rats y sont narrées, soulignant le lien entre l'Opéra et la prostitution.
On a un contraste entre cette beauté de l'artiste, cette danseuse qui fait fantasmer et rêver et à côté en noir, l'abonné - Elisabeth Platel
Le regard de Degas
Le peintre se met littéralement à la hauteur des petites danseuses, il adopte leur point de vue. Avec ses croquis fidèles et son utilisation de la couleur, les ballerines se réincarnent sous son pinceau. Degas capte le mouvement et la grâce des danseuses mais sait aussi mettre en scène des positions plus inélégantes. Pour Elisabeth Platel, c'est là où réside le génie du peintre : les danseuses sont semblables au cygne : "Lorsqu'elles dansent, elles sont merveilleuses, lorsqu'elles vont marcher dans les couloirs, ce n'est pas toujours très gracieux
Degas fait de multiples croquis avant de s'atteler à un tableau. Ces multiples esquisses sont similaires aux danseuses qui répètent sans cesse un spectacle.
C'est tellement touchant de voir que malgré l'évolution des costumes, la danseuse n'a pas changé - Elisabeth Platel