Né à Łódź en 1887, Arthur Rubinstein, musicien au charisme exceptionnel, a marqué des générations de pianistes par ses interprétations sensationnelles et sa longévité unique. Retour en vidéo sur l'énergie communicative d’un pianiste virtuose avec Philippe Cassard.
Reconnu pour son énergie intarissable et son répertoire riche de plus de 200 enregistrements, le pianiste polonais s’est démarqué des autres par ses interprétations marquantes de Chopin, Brahms ou encore des compositeurs espagnols Manuel de Falla et Isaac Albéniz. "Je n'ai jamais eu le temps de vieillir", expliquait-il à la télévision française en 1968.
Il y a chez Rubinstein une autorité naturelle, une clarté du style et de l'énonciation des choses au piano. - Philippe Cassard
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Des débuts contrastés
Benjamin d'une fratrie de sept enfants, Arthur Rubinstein est initié au piano en suivant les cours de musique d’une de ses sœurs. Prodigieusement précoce et doué de compétences impressionnantes, il donne son premier récital à l’âge de cinq ans et part étudier à Berlin alors qu’il n’a que onze ans, sur les conseils d’un proche de Johannes Brahms : le violoniste Joseph Joachim.
Enchaînant les tournées ainsi que les concerts à travers l’Allemagne, la Russie ou les Etats-Unis au début du XXe siècle, les prémisses de sa carrière sont néanmoins compliquées et teintées de périodes de dépression. Mais après une tentative de suicide ratée en 1908, son désir de jouer l’emportera sur ses doutes.
Un homme exalté
“Rubinstein se définissait comme paresseux. Je dirais plutôt que c'était un jouisseur. Un homme qui jouissait de la vie pour tout ce qu'elle pouvait lui apporter : les femmes, les cigares, les bons repas, les conversations entre amis, les voyages”, décrit Philippe Cassard. Personnage mondain et généreux, véritable conteur habité par son amour de la musique, “ce n’est que la cécité qui l’a contraint à s’arrêter”. Il donnera son dernier concert à l’âge de 89 ans à Londres, et raconte dans ses mémoires : "'Le dernier concert de ma carrière a été celui que j'ai donné au Wigmore Hall de Londres au profit de la salle, qui risquait d'être démolie. Pour moi, c'était un geste symbolique ; c'est dans cette salle que j'avais donné mon premier récital à Londres, et y jouer pour la dernière fois de ma vie m'a fait penser à toute ma carrière sous la forme d'une sonate."
Sa carrière aura traversé deux guerres mondiales, affronté l’exil, la vieillesse et des persécutions raciales.
J'avais aussi une jalousie folle de la vie. Je ne peux pas me résoudre à me dédier à la musique comme un moine se dédie à la religion. - Arthur Rubinstein
Arthur Rubinstein, la playlist de Philippe Cassard
A voir sur YouTube
- Le concerto pour piano No.2 de Saint-Saëns
- Le trio No. 1 Op. 49 de Mendelssohn
A écouter
- Les concertos pour piano No. 1 Op. 11 et No. 2 Op. 21 de Chopin
- Le concerto pour piano No. 1 Op. 15 de Brahms
- Les Fantasiestücke Op. 12 de Schumann
A écouter sur France Musique : Portraits de famille : Arthur Rubinstein, chambriste