VIDÉO - « C'est un son chaleureux, presque séduisant » : l'euphonium par Lilian Meurin
Par Mattéo Iachkine
Instrument encore méconnu du grand public, l'euphonium n'a que 150 ans d'histoire. Lilian Meurin, euphoniumiste et concertiste international, est très engagé en faveur de cet instrument. Il nous le fait découvrir en image et en musique.
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France Musique : Pourquoi avez-vous choisi de jouer de l'euphonium ?
Lilian Meurin : C'était un peu pour faire « comme Papa » : à l'époque, il jouait dans un brass band (un orchestre de cuivres). J'ai donc commencé l'apprentissage de l'euphonium pour intégrer cette formation musicale. Aujourd'hui, quand je ne l'ai pas sur mon dos ou entre mes mains, je ressent un vide. Quand on souffle dans l'instrument, il vibre contre nous et c'est vraiment une sensation forte, puissante.
France Musique : Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement de l'instrument ?
Lilian Meurin : La partie essentielle et aussi celle entrant le plus en contact avec notre corps s'appelle l'embouchure. Cette dernière va concentrer la vibration créée par l'air qui passe très vite entre nos lèvres. Cette vibration est ensuite transmise à l'instrument qui va l'amplifier. Pour changer de note, on appuie sur les pistons : ils vont allonger ou raccourcir le chemin que l'air doit emprunter pour sortir de l'instrument. Plus ce chemin est long, plus la note est grave et inversement.
France Musique : Quelle est la tessiture de l'euphonium ?
Lilian Meurin : Les euphoniumistes les plus doués peuvent atteindre cinq octaves, même si dans la pratique, quatre suffisent.
France Musique : L'instrument peut-il produire des sons... inattendus ?
Lilian Meurin : On peut faire des doubles sons, en chantant dans l'embouchure en même temps qu'on joue. On peut aussi faire des slaps, en arrêtant brusquement l'air avec la langue.
France Musique : Existe-t-il un cliché qui colle à l'euphonium ?
Lilian Meurin : Beaucoup de musiciens disent que cet instrument n'a pas de répertoire. Certes, moins d'œuvres ont été écrites pour nous, mais il ne faut pas oublier que nous n'avons que 150 ans d'histoire ! Tout est à faire, les euphoniumistes doivent créer du répertoire, inventer de nouvelle techniques de jeu, etc. Créer, imaginer, repousser toutes les limites, ces aspects de l’instrument sont très intéressant.
France Musique : Avez-vous une anecdote personnelle à nous raconter ?
Lilian Meurin : Lors d'un récital à Paris, je jouait avec Victor Metral, le pianiste avec qui je travaille. Nous avons eu la chance d'avoir Michel Dalberto dans le public. A la fin du concert et pendant le bis, Victor s'est levé et m'a dit : « Je ne jouerai pas avec toi ». Il a alors proposé à Michel Dalberto de jouer Le cygne de Camille Saint-Saëns avec moi. Ce moment va rester gravé longtemps dans ma mémoire.
France Musique : Vos conseils pour gérer son stress sur scène ?
Lilian Meurin : Personnellement, j'essaie de transformer ce stress en adrénaline et de toujours positiver ! « Est-ce que cette note va sortir, est-ce que je vais y arriver ? », pour moi c'est évident que cette note va sortir et que je vais me faire plaisir. Je ne suis pas plus stressé en jouant devant plus ou moins de gens, j'ai toujours la même envie de jouer et de transmettre la musique. Évidemment, nous sommes tous conscients qu'une personne tétanisée par l'angoisse peut perdre tous ses moyens. Mais dans ces moments-là, elle devrait se demander pourquoi elle est ici sur scène et pourquoi elle a choisit de faire de la musique.
France Musique : Pourquoi devrait-on choisir l'euphonium, plutôt qu'un autre instrument ?
Lilian Meurin : D'abord parce qu'il a un son vraiment chaleureux, voir séduisant parfois. Ensuite parce que le public semble l'apprécier : souvent, à la sortie des concerts, des gens viennent nous voir en disant : « c'était absolument magique, je n'avais jamais entendu un son comme ça ! Je ne pensais pas qu'il était possible de faire ça avec cet instrument », ce à quoi je répond que oui c'est possible, car tout est possible.