VIDÉO - La cornemuse, comment ça marche ? Par Erwan Keravec
Par Mattéo IachkineBien qu'associée de nombreux clichés, la cornemuse se révèle être d'une diversité étonnante. Erwan Keravec, sonneur de cornemuse et musicien contemporain, nous fait découvrir son instrument en images et en musique.
Un cliché sur la cornemuse ? Vous voulez vraiment qu'on entre dans ce sujet ? Il y a de très grandes chances que vous me disiez qu'un sonneur de cornemuse, c'est un homme en kilt, sur une colline avec le soleil couchant ! Erwan Keravec
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Erwan Keravec : « Quand on parle de la cornemuse, on ne parle pas d'un seul instrument, mais bien d'une famille. Il y en a plus de 70 en Europe et on en trouve également dans le Maghreb et au Moyen-Orient. Pour résumer, tous les instruments possédant une poche comme réserve d'air sont des cornemuses. »
France Musique : Pourquoi devrait-on choisir la cornemuse plutôt qu'un autre instrument ?
Erwan Keravec : « Le gros avantage de cet instrument, c'est qu'il s'auto-suffit : il produit un bourdon qui agit comme une enveloppe de jeu, il possède un pied mélodique pour créer sa propre mélodie et il est doté d'une poche d'air qui lui permet d'émettre un son continu. Donc, a priori, il n'a besoin d'aucun accompagnement, il peut jouer tout seul. »
Comment c'est fait, une cornemuse ?
Erwan Keravec : « L'instrument se construit autour d'une poche. C'est une réserve d'air étanche que le sonneur gonfle grâce à un tuyau qu'il tient en bouche. Une fois sous pression dans la poche, l'air peut s'échapper de deux façons : d'abord, il peut passer par les trois bourdons. Ce sont des tubes munis d'une anche simple qui produisent un son fixe et continu. Ensuite, en augmentant sa pression, il peut s'échapper par le pied mélodique à l'avant de la poche. Ce dernier est équipé d'une anche double et de trous permettant de former les notes. »
Quelle est sa tessiture ?
Erwan Keravec : « La mienne ne fait même pas une octave ! Elle va de do à si bémol, en passant par ré, mi bémol, fa, sol et la bémol (c'est une gamme pentatonique). Les bourdons, eux, sont accordés en do. »
Quels styles musicaux peut-on jouer à la cornemuse ?
Erwan Keravec : « Dans le répertoire historique, on trouve la musique de soliste écossaise, qui s'appelle le 'Pibroch', mais aussi une autre musique dite 'légère', qui elle est associée à quelques danses traditionnelles que sont les 'Strathspeys', les 'Jigs', les 'Reels" et les 'Hornpipes'. Il y a aussi tout le répertoire breton, qui a été plus ou moins adapté à l'instrument. Enfin, pour aller un peu plus dans le détail, toute la musique de Pibroch que j'évoque plus haut, est faite de petites mélodies que le sonneur agrémente d'une multitude d'ornements. Le son des bourdons vient ensuite créer une enveloppe de jeu, une sorte de ligne de basse pour toutes ces mélodies. »
Et la musique contemporaine dans tout cela ?
Erwan Keravec : « Justement, toute une partie du travail que je fais depuis une dizaine d'années est de savoir si la cornemuse peut être vecteur d'autre chose que son répertoire d'origine. Plusieurs musiciens se sont déjà intéressés à cela, notamment Yoshi Wada dans les années 70. Ils ont travaillé sur des formes de musiques expérimentales à la cornemuse. Mais, globalement, ce n'est pas un instrument qui a été utilisé tant que cela dans ce type de musique, alors qu'il est pratiqué par plus d'un million de musiciens à travers le monde et qu'il est présent partout où est passé l'Empire Britannique ! On pourrait donc penser que la cornemuse aurait pu avoir plein de projections dans d'autres musiques, mais ce n'est pas forcément le cas. Nous sommes quelques sonneurs à avoir tenté l'expérience, mais on se compte sur les doigts d'une main. »