VIDÉO - Naïssam Jalal, la musique pour guérir

Après avoir expérimenté les vertus thérapeutiques de la musique, la flûtiste et compositrice Naïssam Jalal dévoile un répertoire composé de "rituels de guérison", inspiré par la transe ainsi que par les effets bénéfiques de la musique en milieu hospitalier.
C'est à l'Abbaye de Royaumont que France Musique a rencontré Naïssam Jalal, en train de peaufiner ses "rituels de guérison" en compagnie de son ensemble de jazz.
Naïssam Jalal : composer pour guérir
Le pouvoir de la musique
Il a suffi que Mehdi Chaïb lui joue quelques notes au saxophone dans sa chambre d'hôpital alors qu'elle était paralysée pour qu'elle découvre les vertus thérapeutiques de la musique.
Et ce jour-là, non seulement je me suis levée, mais j'avais envie de danser. - Naïssam Jalal
Dès lors, elle investit le milieu hospitalier pour apporter soulagement et réconfort aux malades. Elle multiplie les concerts dans les hopitaux de jour, dans les services d'oncologie, auprès de patients en chimiothérapie, dans les centres de rééducation… Et c'est indéniablement auprès des malades de ces centres, à savoir des personnes en perte de mobilité, suite à des accidents cardio-vasculaires ou des accidents de la route, que les concerts ont eu le plus d'effets. Les patients sont en effet déjà dans un cheminement de reconstruction et la musique s'avère être un vrai soutien, notamment auprès des enfants, tel que le décrit Naïssam Jalal : "Les enfants étaient tellement pris par la musique que les kinés pouvaient les manipuler parfois pendant une demi-heure au lieu des dix minutes habituelles et donc vraiment faire des progrès pendant la séance".
La transe, vecteur de guérison et d'exorcisme
Parallèlement à cela, la compositrice d'origine syrienne s'intéresse particulièrement aux différentes formes de la transe à travers le monde. Pour avoir vécu en Egypte, elle a assisté à des rituels de zār, des rituels de transe et de guérison à base de chants et percussions, initiés par les femmes égyptiennes. Au Maroc, elle a été initiée à des cérémonies de transe gnaoua.
La transe est liée à ta culture, là d'où tu viens, à la société dans laquelle tu as grandi. - Naïssam Jalal
Improvisation, silence et transe
Après un cursus classique au conservatoire, Naïssam Jalal découvre l'improvisation à l'âge de 17 ans et c'est une révélation : "Le jour où j'ai improvisé pour la première fois, je me suis rendue compte que la musique pouvait m'apporter un soulagement qu'aucune parole ne pouvait apporter". Dès lors, l'improvisation fait partie de son processus créatif.
A cela, elle ajoute le silence et la transe pour concevoir un répertoire de rituels de guérison imaginaires : "J'ai écrit ces pièces en essayant de voir l'impact que cette musique avait sur mon corps et dans quelle mesure cette énergie pouvait être transmise à l'auditeur." Elle se positionne en tant que compositrice : "Je n'ai pas du tout la prétention d'être musicothérapeute ou d'être musicologue."
Elle monte un ensemble, composé de Clément Petit au violoncelle, Claude Tchamitchian à la contrebasse, Zaza Desiderio à la batterie et Pierre Dachery pour la technique son. Artiste invitée par la Fondation Royaumont, elle finalise ses rituels à l'Abbaye du même nom, lieu propice à faire émerger ses compositions de manière sereine en privilégiant un son "acoustique".
"Le vrai challenge, pour moi, ce n'était même pas la musique, c'était vraiment le son - Naïssam Jalal
Il reste désormais à partager ce répertoire au public : "J'espère juste que je vais avoir le plus possible l'opportunité de faire entendre cette musique et de la partager avec les gens pour leur faire du bien, tout simplement."