Rares sont les musiciens qui peuvent se vanter d’être non seulement « champion du monde » de leur art mais aussi l’égérie d’un des plus grands événements sportifs du XXe siècle. Yvette Horner aura combiné les deux, et bien plus encore…
Pas de musette sans Yvette. L’accordéoniste française aux cheveux roux et au sourire ineffaçable est autant une icône d’une génération qu’une talentueuse musicienne. Les sept décennies de sa carrière constituent également un chapitre majeur dans l’histoire de l’accordéon en France, tant elle fut l’une de ses plus grandes interprètes, avec plus de cent cinquante disques enregistrés et plusieurs dizaines de millions d’exemplaires vendus.
D’abord initiée au piano, elle remporte son prix au conservatoire de Tarbes à l’âge de seulement 11 ans. Mais vient alors un choix radical de la part de la mère d’Yvette : arrêter le piano et mettre sa fille à l’accordéon. Elle est convaincue que sa fille saura combler le manque de femmes parmi les accordéonistes : elle n’aura pas tort.
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Championne du Monde et star du Tour de France
La jeune Yvette monte régulièrement sur la scène du Théâtre Impérial de Tarbes (une entreprise familiale) et s’affirme progressivement au cours de son éducation musicale à Paris sous l’égide de Robert Bréard. Tout change en 1937 lorsqu’elle remporte le Concours international de l’accordéon. 10 ans plus tard, elle sera couronnée meilleure accordéoniste du monde lorsqu’elle remporte la Coupe mondiale de l’accordéon en 1948.
Sa réputation désormais scellée, Yvette Horner est approchée en 1952 par la marque de fers à repasser Calor , alors sponsor officiel du Tour de France, dans l’idée d’accompagner les coureurs de la compétition. L’année suivante elle devient l’égérie de la marque Suze , à l’époque où les coureurs carburent encore principalement à l’alcool, remède largement conseillé pour pédaler plus vite et plus fort.
Commence alors une collaboration de 10 ans par laquelle Yvette Horner devient l’égérie indissociable du Tour de France et s’acquiert une popularité immense auprès des Français. Peu importe les conditions météorologiques, Yvette Horner suit chaque étape de la compétition pendant plus de sept heures par jour, avec son instrument et un sombrero, sur le toit de la voiture Suze .
1980, décennie de la transformation
A la fin des années 1980, Yvette Horner, star incontournable des bals musette depuis plus de 20 ans, entame une nouvelle évolution, réinvention d’image pour le moins étonnante. Fini le look du bal musette, c’est l’heure désormais des robes paillettes aux couleurs fluorescentes, le tout orné d’une chevelure désormais orange vif. La transformation pop et post-moderne d’Yvette Horner, menée par Jean-Paul Gaultier qui fait de la musicienne l’une de ses égéries de prédilection, résonne parfaitement avec l’air du temps branché des années 1980 et resitue Yvette Horner au cœur de l’attention du public français.
Invitée à participer aux célébrations du Bicentenaire de la Révolution en 1989, elle sera le sujet l’année suivante d’une revue au Casino de Paris. Ses collaborations musicales font également preuve d’une réinvention musicale absolue, aux goûts du jour. De Bach avec Samson François à sa collaboration avec Julien Doré en 2018, en passant par l’album d’eurodance Play Yvette en 1990 aux côtés du DJ Andy Shafte, Yvette Horner fera preuve jusqu’à son dernier concert en 2011 d’un éclectisme imprévisible et sans cesse renouvelé, « à cheval entre le savant et le populaire » comme le résuma Maurice Béjart en 1998.