Le rapport de l'ONG Oxfam confirme la hausse des inégalités mondiales et un enrichissement "historique" des milliardaires français depuis le début de la pandémie.
Travail, école, loisirs, relations : la covid a durablement changé nos vies. Arrivé en 2020, il a infecté 295 millions de personnes dans le monde et a causé plus de 5 millions de morts. Le monde a connu le confinement de plus de 4 milliards d’humains. En France, il y a eu 3 mois et 11 jours de confinement, 3 mois et 1 jour de couvre-feu, presque 3 mois de fermeture des commerces jugés « non essentiels », 7 mois de fermeture des bars et restaurants et des cinémas, et plus d’1 an pour les boîtes... Une crise sanitaire qui a pourtant profité aux plus riches.
D'après les résultats de l'étude des inégalités mondiales réalisée par l'organisme Oxfam, la fortune des milliardaires a plus augmenté en 19 mois de pandémie qu’au cours de la dernière décennie. Il y aurait aussi un nouveau milliardaire toutes les 26 heures, alors que 160 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté. Pire encore, 252 hommes se partagent aujourd’hui plus de richesses que le milliard de filles et de femmes vivant en Afrique, en Amérique latine et aux Caraïbes réunies.
La performance des milliardaires français
Toujours d'après Oxfam, "de mars 2020 à octobre 2021, les richesses des grandes fortunes françaises ont augmenté de 86%, soit un gain de 236 milliards d’euros. À titre de comparaison, elles avaient augmenté de 231 milliards d’euros en 10 ans, entre 2009 et 2019". Si on regarde les cinq premières fortunes du pays, on constate qu'elles ont doublé leur richesse depuis le début de la pandémie avec un bénéfice de 173 milliards d’euros. Aujourd'hui, cinq milliardaires possèdent maintenant autant que les 40% les plus pauvres en France.
Les raisons d'un tel enrichissement ?
Selon Quentin Parrinello, porte-parole d’Oxfam France, la pandémie a été une aubaine. Si les plus riches se sont enrichis, ce n’est pas grâce à la main invisible du marché, ni par les choix stratégiques brillants mais principalement en raison de l’argent public versé sans condition par les gouvernements et les banques centrales dont ils ont pu profiter grâce à une montée en flèche des cours des actions. C**ette concentration extrême des richesses est le résultat de choix politiques. Avec les 236 milliards supplémentaires engrangés en 19 mois par les milliardaires, on pourrait quadrupler le budget de l’hôpital public ou distribuer un chèque de 3500 euros à chaque Français.
À l'inverse, la crise a intensifié la pauvreté des personnes déjà en difficulté avant la pandémie. Aujourd'hui, "sept millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire pour vivre, soit 10% de la population française, et quatre millions de personnes supplémentaires sont en situation de vulnérabilité à cause de la crise."
La politique pointée du doigt
"Les choix politiques d’Emmanuel Macron depuis cinq ans ont provoqué une sécession des plus riches et accablé les plus fragiles avec la baisse des APL, la réforme de l’assurance chômage, les coupes dans les budgets de l’hôpital public, dans l’éducation…". Oxfam explique que le quinquennat a été "un accélérateur des inégalités". Les 1% les plus riches ont vu leur niveau de vie augmenter de 2,8% en moyenne, quand les 5% des ménages les plus modestes ont perdu jusqu’à 0,5% de leur pouvoir d’achat."
"Il est temps de tourner la page du quinquennat des inégalités et de remettre au cœur des débats de la présidentielle la question du partage des richesses et de la taxation des ultra riches. Les choix politiques d’Emmanuel Macron depuis cinq ans ont provoqué une sécession des plus riches et accablé les plus fragiles avec la baisse des APL, la réforme de l’assurance chômage, les coupes dans les budgets de l’hôpital public, dans l’éducation…"
La recherche de solution
Face à cette situation, Oxfam France, "appelle à un changement radical de politique fiscale" et "met sur la table des candidats à la présidentielle. 15 réformes chiffrées permettant de récolter au moins 65 milliards d’euros supplémentaires par an." Parmi celles-ci : la mise en place d’un ISF rénové avec une surtaxe pour les patrimoines les plus polluants, une réforme de l’imposition de l’héritage, ou encore un impôt sur le revenu, présenté comme "plus juste et plus féministe".
En espérant que l’ouverture de la semaine de dialogues virtuels organisés par le Forum économique mondial puisse faire avancer cette situation intenable...