Dix-huit mois après son dernier album, Médine sera de retour sur les plateformes et dans les bacs avec Médine France, énième ligne d’une discographie débutée il y a 18 ans.
Très attendu, ce nouveau projet de Médine s’est déjà partiellement dévoilé, avec deux extraits, bien accueillis et plutôt rassurants. D’autres infos ont également permis de lever le voile sur le contenu de cet album : aucun featuring, un titre en réponse aux messages vocaux haineux qu’il reçoit sur son compte Instagram, une carte d’identité française en guise de cover… En attendant de pouvoir découvrir le reste de la tracklist, on vous dévoile ce que l’on attend de ce nouvel album de Médine.
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Des morceaux forts dans la continuité des premiers extraits
Médine a parfaitement lancé ce nouvel album avec un premier extrait publié le mois dernier, Médine France. Avec son texte très engagé, ce titre a beaucoup fait parler. Signe que la cible a été touchée, il a provoqué le débat et secoué ses habituels détracteurs, et puisqu’il est toujours important de chiffrer une réussite, il est même allé chercher son million de vues en une quinzaine de jours. Le deuxième extrait, Saint Modeste, dévoilé il y a quelques jours, se rapproche d’un autoportrait, avec ses moments de légèreté (“tu fais des concerts pour les CE, j'fais des concerts pour les bandeaux de CNews” ; “le budget juridique, chez nous, a remplacé l'budget marketing”) et ses passages plus durs (“Mon père a chassé les skinheads, en 1987 / Plouf-plouf au fond d'la Seine, les ancêtres du RN / Trente ans plus tard, je m'en souviens encore quand il boxait toujours en amateur / Le cri d'un homme dans la tribune Nord : "un bon Arabe est un Arabe mort”).
Si le reste de la tracklist se rapproche du niveau de ces deux très bons titres, Médine France s’annonce bien, et pourrait aller se placer dans le haut du panier de la discographie du rappeur normand. On espère découvrir d’autres morceaux aussi forts sur l’album, même si un simple coup d'œil à la tracklist suffit pour comprendre que Médine n’a pas baissé les armes : Allons Zenfants, Heureux comme un arabe en France, La France au rap Français …
Des calembours
C’est le petit pêché mignon de Médine : il ne peut pas s’empêcher de foutre des jeux de mots et des calembours de partout. Médine France / Made in France est donc venu s’ajouter à une liste longue comme une barbe de boulehya : Prose-élite / Prosélyte ; Don’t Laïk / Don’t like ; Alb’homme / Album (ok celle-là, c’est pas la meilleure) ; Faisgafatwa / Fais gaffe à toi ; MC Soraal / Mc Solaar ; etc. On s’attend évidemment à en retrouver d’autres dans les textes de cet album, même si ce genre d’exercice nécessite de savoir doser : les jeux de mots sont efficaces quand ils sont suffisamment parsemés tout au long d’un projet ; en cas de surdose, il y a danger.
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Des réponses intelligentes à ses détracteurs
Les débats pour savoir qui a la pire fan-base du rap français n’ont jamais donné de réponse définitive. Booba et Vald ont longtemps tenu le haut du pavé, mais Freeze Corleone s’est bien rattrapé ces dernières années, tandis que Nekfeu ou PNL restent des valeurs sûres. En revanche, il n’existe aucun débat pour déterminer qui a les pires détracteurs : Médine l’emporte haut la main, sans forcer, et sans même avoir besoin de combattre. Plutôt que de s’enfermer dans une posture défensive en se justifiant continuellement face à des accusations à côté de la plaque, le rappeur préféré de Caroline Fourest a toujours fait le choix d’attaquer frontalement. Mieux, il est de plus en plus détendu sur le sujet, et répond désormais avec suffisamment de recul et de légèreté pour faire passer ses détracteurs pour de véritables ânes bâtés. C’est clairement la meilleure posture à adopter quand le camp d’en face fait régulièrement preuve de mauvaise foi -même si, à force de manier les double-sens, de miser sur l’ironie, et de jouer au démineur, Médine s’exposait forcément à ce type d’accusations.
Un côté sympa mais pas trop
L’image de Médine a beaucoup évolué ces dernières années, aussi bien dans sa musique que dans ce qu’il montre de sa vie sur les réseaux sociaux. Longtemps vu comme un personnage austère, incapable de sourire, refusant de s’amuser, il s’est beaucoup détendu sur tous les plans, et apparait même aujourd’hui comme un père de famille rigolo qui fait des concours de gros mots avec ses enfants. Ce gain en sympathie s’est avéré salutaire pour Médine, qui n’a jamais été totalement ce rappeur au visage rigide, mais qui ne montrait pas (ou très peu) les autres facettes de sa personnalité. On apprécie donc de le voir plus détendu, même si, comme pour les calembours, il faut savoir doser. Ses prises de position engagées nécessitent un ton sérieux, son flow parfois colérique est indissociable de sa musique, on espère donc qu’il saura trouver le bon équilibre.
De l’autocritique
Médine se mange énormément de critiques et ne peut plus respirer sans provoquer de polémique, mais il a tout de même beaucoup de recul sur lui-même, et reste l’un des rappeurs français les plus enclins à l’autocritique. Une attitude appréciable, d’autant que le havrais est un personnage plein de contradictions, qui peut donner l’impression de tirer dans plusieurs directions à la fois. Il est donc important qu’il soit capable de mettre le doigt précisément sur ce qu’on peut lui reprocher, aussi bien pour reformuler ses intentions quand elles ont été mal interprétées, que pour corriger son propre discours ou son positionnement quand son mode de pensée évolue.
En plus d’être enclin à l’autocritique, Médine n’hésite jamais à taper sur ses propres compatriotes ou ses coreligionnaires. Dans Médine France par exemple, il fustige bien sûr le pays dans lequel il vit (“j'suis pas Made in France quand j'vois les étudiants d'vant le CROUS faire la queue pour obtenir la moitié d'un casse-croûte”), mais aussi celui de ses origines (“j'suis pas Made in Algérie des généraux, un seul héros c'est le peuple et y aura jamais à changer les rôles”), tout en taclant la politique des pays musulmans (“j’suis pas Made in Saoudia, ni d'la Mecque, ni de Riyad, qui font payer les vieillards plus d'3K le pèlerinage”). Les musulmans sont d’ailleurs souvent ciblés par le rappeur, aussi bien quand il questionne leur foi (“les prières sont plus sincères à l'hôpital qu'à la mosquée”) que quand il point le doigt sur leurs contradictions (“porte le hijab sur ton profil Tinder, acquitte la zakat avec biff de dealer”).
La puissance du port du Havre
Les plus jeunes et les chanceux capables d’amnésie au sujet de la carrière musicale de Michael Youn n’ont peut-être pas remarqué qu’une référence étonnante se cachait dans la tracklist de Médine France. “La puissance du port du Havre”, cinquième piste de l’album, renvoie en effet au Frunkp, un single signé Alphonse Brown, alter-ego de Michael Youn. Extrait de la bande-originale du film La Beuze, ce titre à mi-chemin entre funk et rap a cartonné en 2003 avec un demi-million de ventes en physique -oui, à l’époque on vendait des singles en physique.
On imagine donc Médine prendre le contre-pied de cet authentique foutage de gueule artistique, avec un morceau affirmant sa fierté de venir du 76 (là où le Frunkp s’en moquait gentiment), ou évoquant les problèmes de sa ville. Une grosse interrogation entoure également la présence d’un remix du morceau en toute fin de tracklist : on aurait pu imaginer un posse-cut avec un casting 100% havrais (Oumar, Pirate, Brav, Tiers, Alivor, NLK, et même pourquoi pas des retours d’anciens comme Ness & Cité ou Koto), mais Médine a bien précisé qu’il s’agissait d’un projet entièrement solo. Quoi qu’il en soit, on espère un clip sur les docks bourré de références à la saison 2 de The Wire.
À NE PAS MANQUER : Médine prend le contrôle de Mouv' du 10 au 13 mai...
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