"Buzz l'Éclair" : La censure infinie

Buzz L’Eclair, l’astronaute jouet iconique de Toy Story est le héros de son tout premier film qui sort cette semaine au cinéma en France. Et on aimerait beaucoup dire qu’il fait parler en ce moment pour ses qualités cinématographiques, mais malheureusement non. Il est victime de censure dans plusieurs pays.

L’objet de la censure : une scène entre Alisha, la boss de Buzz, et sa femme qui s’embrassent furtivement. Quatorze pays en tout ont décidé de ne pas diffuser le film dans leurs salles obscures à cause de ce baiser. Pas de visa d’exploitation pour Buzz l’Eclair notamment en Egypte, au Qatar, en Arabie Saoudite et bien d'autres. Des pays majoritairement musulmans comme les Emirats Arabe Unis qui se sont justifié lundi via leur bureau de régulation des médias : "Le film d’animation n’est pas autorisé à être projeté dans aucun cinéma des Émirats arabes unis, en raison d’une violation des normes liées au contenu médiatique en vigueur dans le pays". Précisons que là bas, l’homosexualité est considérée comme un crime puni par le code pénal.

Disney trop ambigu ?

Les producteurs du film ont donc réagit en fin de semaine dernière, notamment Galyn Susman a qui déclaré à L’AFP : "Nous avions été prévenus que ce serait une issue probable. Mais nous n'allions pas changer le film que nous voulions faire simplement à cause de quelques pays avec - faute de meilleur terme - des croyances rétrogrades.". L’acteur Chris Evans, aka Captain America qui double Buzz l'Eclair dans le film, a carrément qualifié les pays censeurs d’"idiots".

Après, il ne faut pas oublier que de base, le propre studio de production du film Pixar, a voulu couper cette scène au montage final. Sauf que des employés de Pixar et de Disney s’étaient totalement révoltés contre cette décision et les studios avaient au final remis la scène. Mais il faut tout de même noter le nombre de débats pour une simple scène de baiser entre deux personnages qui s’aiment. On en oublie carrément qu’il y a un film derrière.

De plus, Buzz l'Eclair est loin d'être le premier film Disney a être victime de censure. Que ça soit le dernier Dr Strange censuré en Arabie Saoudite, car il introduisait le personnage gay de America Chavez, ou encore Les Eternels censuré au Moyen Orient pour un baiser entre deux hommes. Des décisions totalement homophobes qui font vraiment encore froid dans le dos. Même Warner a dû couper des dialogues dans Les Animaux Fantastiques 3 pour pouvoir être diffusé en Chine. Dialogues qui faisaient allusion à l’homosexualité de Dumbledore.

Pas de prises de position claires

Et le plus gros problème reste que les studios peinent à prendre position, principalement pour des histoires d'argent. Perdre la diffusion en Chine ou au Moyen Orient d'un film, c’est énorme pour eux car ce sont des pays extrêmement rentables. Mais ça n’excuse en rien leur manque de clarté. Pixar avait d’ailleurs attaqué Disney en disant qu’ils censuraient la moindre allusion gay dans leurs films. Et il est vrai qu’on se rappelle par exemple du film d'animation Luca qui racontait l'histoire de deux petits garçons poissons qui vivent une épopée en Italie. Leur orientation sexuelle n’y est jamais mentionnée même si pour beaucoup ils étaient amoureux. On peut aussi parler de La Reine des neiges, seule princesse sans prince et sans love story. Beaucoup ont pris la chanson Libérée délivrée comme un coming out caché, et certains espéraient surtout qu’elle en parle ouvertement dans le deuxième volet, ce qui n'a pas été le cas. On est donc encore loin d’un gros bouleversement dans la représentation LGBTQIA+ dans les œuvres grand public, surtout que Buzz l'Eclair le prouve encore, même quand certains essaient, il y a malheureusement des conséquences derrière.