Qui est Kerchak, le nouveau phénomène du 92 ?

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Qui est Kerchak, le nouveau phénomène du 92 ?

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Kerchak - photo promo (DR)
Kerchak - photo promo (DR)
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Phénomène venu de Bois-Colombes, Kerchak s’est imposé comme l’un des principaux représentants de la tendance Jersey Drill. On fait les présentations.

Quand la vague trap a déferlé sur la France à partir de 2012-2013, un artiste a rapidement incarné le mouvement et s’est imposé dans l’esprit du public comme LE représentant du genre : Kaaris. Quelques années plus tard, de nouvelles dynamiques ont amorcé la massification des sonorités UK drill. Dans des proportions différentes, et avec un impact moindre, Gazo a personnifié cette tendance. A l’heure où la Jersey devient candidate au titre de principale tendance du moment, son ambassadeur le plus identifiable pourrait être Kerchak, jeune rappeur dont la carrière, certes encore balbutiante, est engagée sur les bons rails.

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Qui est Kerchak ?

Pour la fiche d’identité, Kerchak, dit La Kerch ou Chak vient de Bois-Colombes dans le 92. Il vient de fêter ses 18 ans, a d’abord rappé sous le pseudonyme de Zolal, au sein du groupe Erkos Squaad, et s’est imposé ces dernières semaines comme l’un des noms à suivre parmi la nouvelle génération. Son premier véritable coup d’éclat date du mois de février dernier, avec la sortie du titre Sabor : bientôt 2 millions de vues sur Youtube, et surtout un énorme succès sur Tik Tok, où il a fini en tendance. Sabor est un bon résumé de ce qui a retenu l’attention chez Kerchak ces derniers mois : un excellent équilibre entre sa personnalité potentiellement brutale, son côté plus léger et parfois même volontairement drôle, et enfin la dimension presque festive de la Jersey Drill, un style qu’il a pris à bras le corps.

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La Jersey Drill, qu’est ce que c’est ?

On en parle depuis le début de l’article, et si vous suivez Kerchak, vous allez en entendre parler constamment. Il vaut donc mieux en avoir une définition claire. Deux solutions : soit vous aimez la lecture et vous allez parcourir le dossier qu’on a consacré au sujet il y a quelques jours, soit vous vous contentez de la version courte. Pour Jérémie Leger, auteur de ce dossier, on identifie une prod Jersey à ses “quatre principaux ingrédients : un bpm rapide aux alentours de 140, des kicks joués en triolet, soit trois notes de courte durée par temps, une basse bien marquée qui tape fort, et enfin des samples habilement découpés de rap, R&B ou d'électro”. Pour faire encore plus court : ça va vite, c’est très rythmé, et ça va faire plaisir aux anciens qui se plaignaient d’entendre de moins en moins de samples dans les prods de rap français.

Le rap étant le terrain de toutes les hybridations musicales, la Jersey s’est mélangée à la UK drill pour aboutir à ce qu’on a logiquement appelé la Jersey Drill. Jusqu’ici, rien de bien compliqué. Si on reste sur le cas de Kerchak (puisque c’est quand même le sujet de l’article), le titre Jane est une bonne illustration de ce concept un brin farfelu sur le papier : mélangez la bande-son d’un jeu de megadrive, le côté sombre des textes de Kaaris (“j'te hagar et j'baise ta meuf aussi, c'que t'en penses, c'est pas mon soucis”) et une rythmique très rapide, à la limite ajoutez un peu de lait tiède pour éviter les grumeaux, et c’est prêt.

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Pourquoi “Kerchak” ?

Après s’être lancé sous le nom de Zolal, le rappeur a choisi d’abandonner ce pseudonyme en 2017 pour ne pas être confondu avec Zola, qui venait de percer. C’est plutôt bien tombé, puisque comme il l’expliquait à nos confrères de Booska-P, le nom de Zolal avait une origine peu glorieuse : le verlan de La Lose, surnom donné par son frère en référence à son niveau de jeu un brin faiblard à Fifa. Le jeune rappeur a donc choisi le nom de Kerchak, en référence au chef du clan des gorilles dans Tarzan. Un personnage menaçant, grand et puissant, ce qui correspond plutôt bien à la personnalité mise en avant par le rappeur dans ses textes. L’univers de Tarzan est au centre de l’imagerie de Kerchak. Ses derniers titres s’intitulent Tarzan, Jane, ou encore Sabor, le nom de ce léopard qui constitue l’un des principaux antagonistes de l’histoire du film d’animation de Disney.

Pourquoi Kerchak est considéré comme le représentant français de la Jersey ?

Principalement parce qu’il est l’un des premiers artistes francophones à avoir saisi l’intérêt de cette musique et à avoir misé dessus. Évidemment ce n’est pas le seul, on pense par exemple au lillois STO, lui aussi très bon dans ce registre, mais si on cherche vraiment des précurseurs, il faut aller chercher du côté des Etats-Unis -là encore, pour plus de détails, allez parcourir notre dossier consacré au sujet. Kerchak est donc arrivé au bon moment en misant sur les bonnes sonorités.

Signe que son orientation artistique a du sens, les têtes d’affiche commencent à s’y intéresser -comme c’était le cas avant que tout le monde se mette à poser sur de la drill il y a dix-huit mois. C’est notamment le cas de Gambi sur le titre Zaza, avec les mêmes ingrédients à base de bande-son de jeu megadrive, de rythmique rapide et de lait tiède. De la même manière que personne n’a considéré Gazo comme l’incarnation ultime de la drill en 2021, mais comme son représentant le plus identifiable, Kerchak est donc à l’heure actuelle le rappeur le plus enclin à devenir celui que les médias rap surnommeront “le petit prince de la Jersey”, “le boss de la Jersey Drill”, ou encore pire, “le Brandmanrill du 92”.

Peut-on résumer Kerchak à ses morceaux Jersey ?

Evidemment non, ce serait réducteur pour lui, et ce serait surtout faux, étant donné que ses influences sont bien plus larges et qu’il a répété à plusieurs reprises qu’il ne se contenterait pas de miser uniquement là-dessus. Le fait de se positionner -intentionnellement ou non- parmi les représentants d’une tendance montante est sans aucun doute le meilleur moyen de gagner en notoriété et de devenir un artiste identifié par le public. C’est aussi potentiellement un piège, qui peut enfermer le rappeur dans une image dont il sera difficile de se détacher.

S’il fallait vraiment résumer La Kerch, on parlerait avant tout d’un forcené de la musique, qui écoute beaucoup trop d’artistes pour s’enfermer dans un seul style. Sa référence principale est Kaaris, il a été totalement matrixé par Or Noir, malgré son très jeune âge au moment de sa sortie : il est né en 2004 … l’album est sorti en 2013. L’approche très brutale du sevranais a évidemment déteint sur lui, Kerchak se démarque donc régulièrement par une écriture très directe aux intentions féroces : “soit tu payes, soit j'te baise ta mère : c'est comme ça qu'j'règle mes conflits” ; “appelle-moi Staline ou Lénine, j'impose un régime totalitaire” ; “j'vais brûler ton visage à l'acide, j'sais qu'ta mère va pas t'reconnaître” ; etc.

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Les autres rappeurs à avoir bercé sa jeunesse ont le même type de rapport à la violence : évoqués dans son interview chez Booska-P en mars, Kalash Criminel ou Bosh sont des personnages tout aussi directs, brutaux et volontairement bas-du-front. Si cette sauvagerie reflète forcément certains aspects de la personnalité du Chak, elle peut aussi s’avérer trompeuse : le rappeur de Bois-Colombes est un garçon sérieux et concentré sur ses objectifs, qu’il s’agisse de son travail artistique (“quand j'taffe j'suis à jeun, jamais j'me défonce moi”) ou de ses études (“j'suis pas à la fac, j'suis en BTS”), qu’il poursuit en parallèle de sa jeune carrière musicale, avec l’objectif de se diplômer, quelle que soit la suite de sa carrière musicale.