Caroline Bonacossa

Guidé par l’exigence kantienne de son père, Jean-François Kahn semble avoir tout au long de sa vie professionnelle noué un contrat de confiance avec ses lecteurs, fondé sur l’honnêteté. Quitte à reconnaître ses erreurs, comme son dérapage dans l’affaire Dominique Strauss-Kahn.

Ouvert à toutes les formes de musique, de la plus prestigieuse à l’opérette en passant par « la chansonnette » comme disait Yves Montand, Jean-François Kahn a œuvré pour donner sa place à la chanson comme corpus d’une société et source historique.

Rares sont les créateurs de presse. Pourtant, Jean-François Kahn a réussi la performance de donner vie à trois journaux qui ont bousculé le paysage médiatique français. Il a réinventé "Les Nouvelles littéraires". Il a créé et dirigé pendant dix ans "L’Événement du Jeudi" puis "Marianne".

Alors professeur d'histoire, Jean-François Kahn saisit l’opportunité de rentrer dans le quotidien Paris Presse. Rapidement devenu reporter, il couvre tous les conflits, de la guerre d’Algérie au coup d’État militaire de Pinochet en 1973. Il abandonne le front pour devenir éditorialiste à Europe 1.

C’est dans une fratrie de trois garçons, auprès d’un père résistant, philosophe kantien et d’une mère qui l’imagine en chansonnier que grandit Jean-François Kahn. Ce terreau entre intellectualisme et joie de vivre lui permet de surmonter les drames de la vie, dont le suicide de son père.

S’il n’a jamais caché avoir le cœur à gauche, Ivan Levaï a tissé des liens avec des hommes de tous les bords politiques. Ceux qu’il nomme ses copains et ses coquins.

Articuler et mettre du plomb dans sa voix sont les leitmotivs d'Ivan Levaï, qui s’est soumis à l’exercice de la revue de presse matinale pendant près de quarante ans. Patron de rédaction, il valorise l’honnêteté mais il a la modestie de reconnaître que sans la chance, le journaliste n'est rien.

Dégagé de ses obligations militaires pour mélancolie, Ivan Levaï sent vibrer la jeunesse française dont il brosse le portrait pour la presse écrite et la radio. Il finit par se dédier à Europe 1 où il raconte le monde dans sa revue de presse tout en se spécialisant dans le domaine politique.

Malheureux et malaimé à son domicile, Ivan Levaï est adopté par l’école de la République. Bon élève, il y grandit auprès de maîtres bienveillants et exigeants. L’un d’eux, via un journal-école, l’initie à la presse.

Parti de Budapest dans les bras de sa mère célibataire, Ivan Levaï se retrouve orphelin à Paris à 4 ans. Il vit de plein fouet les privations de la guerre auxquelles s’ajoute la dureté d’une nourrice peu aimante.