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Qui connait Etienne Jaumet ? Le nom sans doute ne parle qu’à peu de gens. Pourtant, son visage, sa figure, ne laissent guère indifférents : il suffit de l’avoir vu une fois sur scène, frétillant et tendu au milieu d’un amas de machines analogiques, synthétiseurs, séquenceurs, boîtes à rythmes, pour le reconnaitre n’importe où. C’est ainsi que, prenant un verre tous les deux dans un pub parisien, mon étonnement ne fut pas si grand que cela lorsqu’un garçon d’à peine trente ans vint l’interpeller pour lui demander s’il n’était pas “le mec de Zombie Zombie ”. Oui, c’est bien lui : Etienne Jaumet constitue la moitié de ce groupe, dont les disques ravivent une flamme fulgurante : celle de quelques groupes comme Silver Apples dans les années 60 construisant leur musique à partir d’un mélange presque primitif de batterie et d’électronique brute. Sorti il y a deux ans déjà, le premier album du groupe n’a pas encore de successeur. En attendant d’en enregistrer un (l’autre moitié de Zombie Zombie étant pris par son autre groupe, Herman Dune), Etienne Jaumet s’est pris de passion pour une autre histoire : faire de la musique en solitaire, avec ces mêmes machines pour uniques compagnons de composition.
C’est sur une suggestion de Gilbert , le patron du label Versatile , qu’Etienne a composé un premier morceau solo qui a donné lieu à un maxi cosmique d’un quart d’heure, Repeat Again After Me (très élégamment remixé par les allemands Ame), prélude à un album sous son propre nom – un peu comme Klaus Schulze avait sorti un premier disque solo au début des années 70 alors qu’il officiait encore officiellement au sein d’Ash Ra Tempel. La comparaison avec les années 70 ne s’arrête pas là : Etienne a composé un album en pensant à cette époque, ou plutôt à la façon dont on construisait alors certains disques, en songeant à deux faces, deux mouvements. C’est pour cela que son disque est constitué de 5 morceaux. Le premier dure 20 minutes et occupe la première face, tandis que les autres, plus courts, se déroulent de l’autre côté du vinyle. Une façon de faire revivre une époque, mais sans non plus sombrer dans une nostalgie à tout va. Il suffit d’écouter le disque pour comprendre qu’il n’a pas été fait dans un esprit de copiste, mais bien plutôt dans une démarche très urgente, contemporaine, immédiate. Etienne y joue de tout : machines rythmiques, synthétiseurs, effets, saxophone (l’instrument dont il usait déjà au sein de formations indés comme the Married Monk – il vient de là, mais il est désormais bien ailleurs). Et il joue dans l’instant : chaque morceau a été fait en une prise, pour ne rien perdre du moment, de l’inspiration, de l’énergie et de la folie, aussi. Parce qu’il y a là beaucoup de folie furieuse. Les machines d’Etienne Jaumet ne ronflent pas, ne roulent pas en pilotage automatique. Elles sont au contraire guidées, alimentées, par une main qui sait vers où elle veut les mener. En cela, l’odyssée For Falling Asleep , morceau d’ouverture de 20 minutes, invoque plusieurs spectres, de Terry Riley, Fripp & Eno et Pharoah Sanders à Bernard Szajner et Jim O’Rourke, tournoyant de façon hypnotique et haletante, avant de s’échouer sur des cordes cristallines et doucement calmes, qui indiquent l’arrivée au port.
Etienne Jaumet, rivé à ses machines et instruments, raconte de vraies histoires, des petites cinématographies soniques et il a été aidé en cela par deux figures. La première est Carl Craig , qui, sonné par les morceaux originaux d’Etienne, a accepté de produire et mixer l’album, gardant l’intégrité des prises, ne rajoutant rien sinon des effets, retranchant ici ou là des choses anecdotiques pour ne garder que l’essentiel et forcer plus encore le psychédélisme d’origine des morceaux. Son travail, donc, pourrait bien être comparé à celui d’un encadreur illuminant et rehaussant le plus efficacement possible une toile déjà lumineuse. Ensuite, il y a l’apparition d’une légende de la musique française des années 70 : la chanteuse et harpiste Emmanuelle Parrenin , venue confronter sa harpe aux sons d’Etienne – c’est elle qui pose les notes stellaires qui concluent* For Falling Asleep* , et c’est elle aussi qui mêle ailleurs son chant planant aux notes des synthétiseurs et se confond avec eux, comme en pleine abstraction cosmique.
Le disque se conclue sur At The Crack Of Dawn , vignette planante mettant en exergue un saxophone filtré et soutenu par un rythme lentement rebondissant qui donne bien le ton du voyage accompli ici – psychédélique, mais intime. Etienne Jaumet a accompli là un petit tour de force consistant à métamorphoser ses vieilles machines analogiques en instruments psychédéliques modernes, qui élèvent l’esprit et soulèvent le corps,faisant instantanément chavirer, délirer et irrésistiblement rêver. “Le mec de Zombie Zombie ” ne devrait plus être un inconnu pour très longtemps.