Zahia Ziouani
Cheffe d'orchestre française

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Zahia Ziouani passe son enfance dans la ville de Pantin, en Seine-Saint-Denis. Ses parents sont mélomanes et lui transmettent le goût de la curiosité. A huit ans déjà, alors en classe élémentaire de CE2, c’est la seconde fois qu’elle se retrouve à la tête d’une chorale, la première fois s’étant produit en grande section de maternelle. A cet âge, elle apprend tout d’abord la guitare auprès de Rosine Chabrun, professeure au conservatoire de Pantin, une personne d’importance qui lui fera apprécier le plaisir de jouer avec d’autres musiciens. Chemin faisant, Zahia se met à la composition, découvre le bonheur de se plonger dansles partitions d’œuvres du grand répertoire classique, comme par exemple les symphonies de Mozart ou de Beethoven. Battant la mesure, elle « s’amuse » à écouter différentes versions d’une même œuvre en quête de celle dont elle se sentira être la plus réceptive. Elle se consacre par ailleurs à l’alto afin de se donner les moyens d’intégrer rapidement des orchestres et autres ensemble de musique de chambre. A treize ans, elle se prend d’intérêt pour la direction d’orchestre.
Malgré la pression alentour lui insufflant que le métier de chef d’orchestre est plutôt destiné aux hommes, qu’il est un métier de solitude qui incombe de travailler dur pour surmonter de multiples difficultés, et à force de détermination, Zahia ne cède en rien et veut suivre le chemin qu’elle voit pour elle se tracer. Elle sait l’autorité qu’il lui faudra mettre à l’œuvre pour se faire entendre, respecter, avant d’être applaudie. Puis, été 1995, sa rencontre avec Konrad von Adel, chef assistant de Sergiu Celibidache, la mène à rencontrer ce dernier. Les éloges qu’elle reçoit alors de Sergiu Celibidache motivent d’autant plus Zahia, qui voit ses doutes s’apaiser au point d’avoir pour ambition véritable celle d’entreprendre ce métier, prenant conscience du sentiment qui l’anime quand elle se retrouve face à un orchestre. L’exigence artistique au centre de ses priorités, Zahia entreprend sa route et se faisant, se rapproche au plus près de la pensée des compositeurs qu’elle aborde, centrant son énergie dans celle du partage. Pour elle, l’orchestre doit être pensé et vécu en collectif.
C’est en avril 1996, salle Gaveau à Paris, que Zahia dirige le scherzo de la symphonie n°3 de Brahms lors de son tout premier concert officiel avec l’orchestre du lycée Racine (Paris), lycée qu’elle venait d’intégrer en classe de terminale, où elle s’attache notamment à mettre en relief l’équilibre des plans sonores. Deux ans plus tard, elle fonde et dirige l’orchestre symphonique Divertimento. Cet ensemble, encadré par des professionnels et rassemblant soixante-dix musiciens amateurs de toute l’Ile-de France, a notamment pour but de faire découvrir des œuvres du grand répertoire classique en même temps que de préparer les étudiants au métier d’instrumentiste d’orchestre. Avec quarante concerts par an sur des grandes scènes nationales, la Seine-Saint-Denis montre qu’elle sait briller. Plusieurs artistes de renom répondent favorablement à l’appel de la collaboration : Raphael Pidoux, Jean-Marc Philips-Varjabédian, Jean-François Benatar, Marc Lys, Sophie Koch, Ferruccio Furlanetto, Xavier Phillips, Shani Diluka, Rocio Marquès, Naïssam Jalal, Varduhi Yeritsyan, Amel Brahim-Djeloul, l’Ensemble Amedyez… A travers ses actions s’éveille en elle le souhait de transmettre un répertoire choisi à tous les publics, sans distinction d’appartenance sociale.
En 2005, elle se retrouve à la tête du Conservatoire Municipal de Musique et de Danse de Stains, dans le département où elle a grandi, qui accueille une quarantaine de nationalités. Pour faire connaître la musique classique aux quartiers populaires de banlieue, elle entreprend des actions pédagogiques et culturelles dans les écoles (crèches, petite enfance, collèges…) afin de sensibiliser les plus jeunes. Par ailleurs, en 2007, Zahia Ziouani devient la première cheffe invitée par l’Orchestre National d’Algérie, un orchestre exclusivement masculin. Pour honorer son investissement, le président de la République algérienne lui attribue un prix. Elle dirige également d’autres formations en Egypte, en Espagne, en Russie, en France, au Mexique… Sa carrière continue d’éclore quand, contactée par Laurent Bayle alors directeur de la Cité de la Musique et de la salle Pleyel, Zahia saisit l’opportunité d’intégrer le projet DEMOS, un orchestre de jeunes à vocation humaine permettant aux enfants de milieux défavorisés l’accès à la musique par la pratique instrumentale. Forte de ce projet, elle met en place, en septembre 2012, un programme construit sur le thème de la rencontre musicale entre la France et l’Algérie, autour d’œuvres de Camille Saint-Saëns et de créations contemporaines franco-algériennes.
Par ailleurs, deux ouvrages autobiographiques sont publiés : « La Chef d’orchestre » en 2010 (en collaboration avec Bénédicte des Mazery) ; ainsi que « D’une rive à l’autre » en 2015. Depuis 2017, Zahia Ziouani et son ensemble Divertimento participent au concours télévisé Prodiges diffusé sur France 2 pour accompagner les très jeunes talents prometteurs d’aujourd’hui. En termes de distinctions, Zahia Ziouani est notamment nommée Chevalier de l’Ordre National du Mérite français, puis Chevalier des Arts et des Lettres, en passant par le Trophée de la réussite au féminin.
Zahia Ziouani en 6 dates :
- 1998 : création de l’Orchestre symphonique Divertimento
- 2007 : première cheffe d’orchestre invitée de l’Orchestre National d’Algérie
- 2010 : membre du conseil d'orientation du Musée de l'Histoire de l'immigration
- 2014 : lauréate du Prix de la Femme d'influence, dans la catégorie « Coup de cœur »
- 2018 : commandeur des Arts et des Lettres
- 2023 : sortie du biopic Divertimento réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar